Les dattes du sud est du Maroc en 2020 face à un double enjeu !

Les dattes du sud est du Maroc en 2020 face à un double enjeu !

Natif du Ksar Izilf relevant de la commune rurale Ferkla Essoufla à Tinejdad, M. Youssef KASSE, âgé de 48 ans a gentiment accepté de répondre à nos questions sur le sujet de larécolte des dattes au niveau de l’oasis de Ferkla au Maroc  pendant la campagne agricole 2020.

Comment s’est  passée la cueillette des dattes cette année ?

« La cueillette des dattes cette année a été commencée en début du mois de Septembre et elle a été avancée de deux semaines comparablement à l’année dernière et ce qui est connu ici.

Depuis quelques années, je vendais les dattes sur pied aux collecteurs qui s’occupent eux-mêmes de toutes les opérations de la récolte. Toutefois, cette année marquée par une crise économique à cause de la pandémie de COVID 19, les prix de vente sur pied ont été fortement affectés et sont baissés. Pour cette raison alors j’ai effectué, moi-même, la récolte qui a durée jusqu’au début du mois d’Octobre.

Les modes de productions et notamment de la récolte des dattes ont beaucoup changé au fil du temps. Par exemple, la cueillette des dattes pendant le passé était l’une des opérations collectives, fondée sur des valeurs sociales, de solidarité, de coopération et de la cohésion sociale. En effet, toute la population, les jeunes, les femmes, les enfants, … participaient à la récolte collective par bloc au sein de la palmeraie qui est défini par la communauté locale sous la supervision et le suivi d’Amghar N’Tmazirt »

Quel était le rendement en dattes cette année ? a-t-il enregistré une évolution par rapport au rendement de  l’année dernière ?

« Les rendements enregistrés cette année 2020 différent selon les variétés. Le rendement moyen de la variété Majhoul est autour de 20 Kg/pied. Il a connu en effet une baisse presque de 50% en comparaison avec celui de la campagne agricole précédente (2019). Cette diminution s’explique par un avancement du stade de floraison qui avait commencé au début du mois de Décembre et a  provoqué des conditions défavorables pour la pollinisation. Je pense que c’est l’une des conséquences de changement climatique dans les Oasis.

Tandis que, le rendement des dattes Bouffgous a augmenté de 30%, il était en moyenne de 50 kg/pied cette année en raison de bonnes conditions de floraison en mois de Février et Mars.

En termes de qualité, et en tenant compte seulement des trois critères physiques d’appréciation des dattes, notamment le calibre, la forme et la couleur, ils ont été affectés respectivement par la sècheresse, les conditions défavorables de la phase de floraison et la température ».

Comment avez-vous commercialisé vos dattes ? comment la situation actuelle de COVID 19 a entravé cette commercialisation ?

« Comme je vous avais dit, il y a quelques années, je vendais les dattes sur pied. Cette année exceptionnelle, le COVID 19 a fortement mis en difficulté la commercialisation des dattes. La baisse des prix s’ajoutant à la diminution du rendement, m’ont causé une perte considérable du revenu (environ 50%).

Le prix de vente du Majhoul est passé de 80 DH/kg à 50 DH/kg entre 2019 et 2020. Également pour Bouffgous, le prix a baissé de 40 DH/kg à environ 25 DH/Kg.

En effet, le COVID 19 a doublement entravé la commercialisation des dattes. Tout d’abord, les difficultés financières dont souffrent les intermédiaires (les acheteurs sur palmiers) ont impacté l’achat précoce des dattes sur palmiers. Ensuite, la demande en dattes tirée principalement par la population locale résidente à l’étranger, a été sensiblement régressée à cause de la pandémie qui a limité leur entrée sur le territoire national et notamment sur le village de Tinejdad qui devient une ville internationale chaque année pendant l’été mais hélas pas cette année, les MRE de Tinejdad et alentours ne sont pas venus nous rendre visite et à l’oasis.

La crise a rendu même la vente par commande vers d’autres villes quasi impossible ou très difficile. En effet, je n’ai pas pu vendre, comme d’habitude, mes dattes au niveau de Fès et Marrakech. A cet effet, j’avais écoulé la totalité de la production ici à Tinejdad avec des prix très bas tout en cherchant seulement à minimiser les dégâts ».

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